Marre de vous demander si vous allez être payé(e) pour le lundi de Pâques ? Vous n’êtes pas certain(e) que votre fiche de paie soit correcte après avoir travaillé un 15 août ? Vous n’êtes pas seul(e). La gestion des jours fériés dans le secteur du nettoyage peut vite devenir un vrai casse-tête. Entre le Code du travail, les spécificités de la convention collective et les habitudes de chaque entreprise, il y a de quoi s’y perdre.

Pourtant, ces jours-là ont un impact direct sur votre portefeuille. Une erreur, un oubli, et c’est plusieurs dizaines d’euros qui peuvent s’envoler. En tant que professionnel du nettoyage, votre travail est essentiel et mérite d’être rémunéré à sa juste valeur, y compris les jours fériés !

C’est pourquoi nous avons créé ce guide complet. Fini le flou et les doutes. Ici, on décortique pour vous, simplement et clairement, tout ce que vous devez savoir sur la rémunération des jours fériés dans les entreprises de propreté et services associés.

Dans cet article, nous allons voir ensemble :

  • Les règles de base : Quels sont les jours fériés et que dit exactement votre convention collective (la fameuse IDCC 3043) ?
  • Jour férié travaillé : Comment votre salaire doit-il être majoré ? On vous donne des exemples concrets de calcul.
  • Jour férié non travaillé (chômé) : Avez-vous droit à votre salaire même en restant à la maison ? Quelles sont les conditions à respecter (notamment l’ancienneté) ?
  • Les cas particuliers : Que se passe-t-il pour le 1er mai ou lorsque le jour férié tombe sur votre jour de repos ?
  • Les bons réflexes : Que faire si vous constatez une erreur sur votre bulletin de salaire ?
Rémunération des jours fériés dans le nettoyage

Avant de plonger dans le vif du sujet et de parler gros sous, remettons-nous d’accord sur les bases. Un jour férié, c’est une date du calendrier qui commémore un événement et qui est légalement définie comme n’étant pas travaillée. Mais lesquels exactement ? Et surtout, quelle est la règle du jeu qui s’applique à vous, dans le secteur du nettoyage ?

Les jours fériés légaux en France : un rappel pour tous

En France, le Code du travail fixe 11 jours fériés légaux pour tout le monde. Il est toujours bon de les avoir en tête.

Pour l’année 2025, voici les dates à noter dans votre agenda :

  • Jour de l’An : 1er janvier
  • Lundi de Pâques
  • Fête du Travail : 1er mai
  • Victoire de 1945 : 8 mai
  • Ascension : 29 mai
  • Lundi de Pentecôte : 9 juin
  • Fête nationale : 14 juillet
  • Assomption : 15 août
  • Toussaint : 1er novembre
  • Armistice de 1918 : 11 novembre
  • Noël : Jeudi 25 décembre

Le saviez-vous ? Si vous travaillez en Alsace-Moselle (départements 57, 67 et 68), vous avez droit à deux jours supplémentaires : le Vendredi Saint (le 18 avril 2025) et la Saint-Étienne (le 26 décembre).

La convention collective du nettoyage : la référence pour vos droits

Maintenant que la liste est claire, passons à ce qui vous intéresse vraiment : comment ces jours sont-ils traités sur votre fiche de paie ? Pour ça, il y a deux niveaux de lecture : la loi générale, et les règles spécifiques à notre secteur.

Que dit la loi ? Le Code du Travail comme socle

Le Code du Travail, c’est la base. Il dit une chose très simple : seul le 1er mai est un jour obligatoirement chômé (non travaillé) et payé pour tout le monde. Pour les 10 autres jours, la loi dit simplement qu’ils sont fériés, mais ne précise pas si le repos est obligatoire ni si le salaire doit être maintenu.

C’est là que ça devient intéressant. Le Code du Travail, c’est le minimum légal. Mais dans le nettoyage, on a notre propre « bible » : la convention collective nationale des entreprises de propreté et services associés. Et bonne nouvelle, elle est souvent plus généreuse !

Articles L3133-1 et suivants du Code du travail.

Les spécificités de la convention collective nationale des entreprises de propreté et services associés (IDCC 3043)

C’est votre document de référence. La convention collective du nettoyage vient ajouter des règles bien plus précises (et avantageuses !) que le simple Code du travail. Elle s’applique à vous dès lors que votre employeur fait partie de ce secteur.

Concrètement, que dit-elle sur les jours fériés ? Elle pose des conditions claires pour qu’un jour férié non travaillé soit tout de même payé.

L’Article qui change tout (Article 4.4 de l’avenant du 17 juin 2003)

« Les jours fériés légaux, chômés, sont payés au salarié sous réserve que celui-ci ait été présent le dernier jour de travail précédant le jour férié et le premier jour de travail suivant, sauf absence autorisée. […] Le chômage des jours fériés ne pourra être la cause d’une réduction de la rémunération ou d’une compensation par un autre jour de repos, sous réserve que le salarié ait une ancienneté de 3 mois. »

Décortiquons ça : pour être payé un jour férié sans aller travailler, vous devez remplir deux conditions :

  1. Avoir au moins 3 mois d’ancienneté dans l’entreprise. Si vous venez d’arriver, cette règle ne s’applique pas encore. Par exemple, si vous avez été embauché le 1er mars, le 1er mai vous sera payé, mais pas le lundi de Pâques.
  2. Avoir été présent(e) la veille et le lendemain, sauf si votre absence était prévue et autorisée (congés payés, arrêt maladie justifié, etc.). Impossible donc de « faire le pont » sans l’accord de l’employeur et d’espérer être payé pour le jour férié au milieu !

Ces règles sont le cœur du système. C’est grâce à elles que, contrairement à d’autres secteurs moins bien couverts, un jour férié qui tombe en semaine ne vous fait pas perdre d’argent.

Consulter la convention collective de la propreté (IDCC 3043).

Jours fériés travaillés : comment ça marche pour votre paie ?

Parfois, l’activité ne s’arrête jamais vraiment. Hôpitaux, zones commerciales, transports… de nombreux sites ont besoin d’un service de propreté impeccable, même les jours fériés. Si votre employeur vous demande de venir travailler l’un de ces jours-là, votre engagement doit être reconnu. Et cette reconnaissance passe par une compensation financière : la majoration de votre salaire.

Le principe de majoration de salaire : votre travail valorisé

Travailler un jour férié, ça se paie ! Et pas au tarif habituel. La convention collective du nettoyage est très claire : les heures que vous effectuez pendant un jour férié légal (hors 1er mai, que nous verrons juste après) doivent être payées plus cher. C’est ce qu’on appelle une majoration.

Mais attention, le montant de cette majoration dépend d’une chose simple : est-ce que c’était prévu ou non ?

Les différents taux de majoration : 50% ou 100% ?

On vous explique la différence entre la majoration à 50% et celle à 100%. Tout dépend de votre planning de travail.

  • Cas n°1 : Le travail était prévu. Si le jour férié était déjà inscrit comme un jour de travail normal dans votre planning (votre contrat ou votre roulement habituel), chaque heure travaillée ce jour-là vous donne droit à une majoration de 50%.

  • Cas n°2 : C’est un travail exceptionnel. Si l’on vous appelle en renfort alors que ce jour n’était pas un jour de travail prévu pour vous, il s’agit d’heures de travail exceptionnelles. Dans ce cas, la majoration est bien plus intéressante : chaque heure travaillée vous donne droit à une majoration de 100%. En clair, votre salaire est doublé pour cette journée.

Votre situation Votre majoration de salaire
Le jour férié était prévu dans votre planning. + 50%
On vous demande de venir travailler exceptionnellement. + 100% (salaire doublé)

Les pourcentages, c’est bien, mais les euros, c’est mieux ! Pour que tout soit limpide, prenons l’exemple de Maria, agente de propreté qualifiée, payée 12 € brut de l’heure. Elle travaille 7 heures le lundi 14 juillet.

Scénario A : Le 14 juillet était prévu à son planning.

  • Salaire de base pour la journée : 7 heures x 12 € = 84 €
  • Calcul de la majoration : 84 € x 50% = 42 €
  • Salaire total pour sa journée : 84 € + 42 € = 126 € brut.

Scénario B : Maria remplace un collègue au pied levé, ce n’était pas son jour de travail.

  • Salaire de base pour la journée : 7 heures x 12 € = 84 €
  • Calcul de la majoration : 84 € x 100% = 84 €
  • Salaire total pour sa journée : 84 € + 84 € = 168 € brut.

La différence n’est pas négligeable ! Pensez donc à toujours vérifier comment la journée a été comptabilisée sur votre bulletin de paie.

Le cas particulier du 1er mai : une journée (presque) sacrée

Le 1er mai, ce n’est pas la fête du Travail pour rien ! C’est le seul jour férié qui a un traitement de faveur inscrit directement dans le Code du travail, et il est donc différent des 10 autres.

Voici ce que vous devez retenir :

  1. Le repos est la règle absolue : Le 1er mai est le seul jour férié obligatoirement chômé (non travaillé) pour tous les salariés.
  2. Le salaire est maintenu : Que vous ayez 10 ans d’ancienneté ou 10 jours, votre salaire pour cette journée doit être intégralement maintenu. La condition des 3 mois d’ancienneté de la convention collective ne s’applique pas ici.
  3. Si vous devez travailler : Dans les très rares cas où l’activité ne peut vraiment pas être interrompue (sécurité, certains services hospitaliers…), si vous travaillez le 1er mai, la loi impose une majoration de 100% de votre salaire pour cette journée, sans discussion possible. Votre paie pour cette journée est donc obligatoirement doublée.

Jours fériés chômés (non travaillés) : avez-vous droit à votre salaire ?

C’est l’un des plus grands avantages de la convention collective du nettoyage : la possibilité d’être payé sans travailler lors d’un jour férié. Mais attention, ce n’est pas automatique pour tout le monde. Il ne suffit pas que le calendrier indique « férié » pour que le salaire tombe. Pour s’assurer que cette journée de repos vous soit bien payée, il y a quelques règles du jeu à respecter.

Les conditions pour être payé sans travailler

Pour qu’un jour férié chômé apparaisse comme une journée payée sur votre bulletin de salaire (en dehors du 1er mai, bien sûr), la convention collective de la propreté vous demande de remplir deux conditions cumulatives. Pensez-y comme une checklist : si vous cochez les deux cases, c’est tout bon !

L’ancienneté : un critère clé

Pour être payé sans travailler, il faut montrer patte blanche ! La première condition, c’est votre ancienneté dans l’entreprise. La convention collective est précise : vous devez avoir au minimum 3 mois d’ancienneté à la date du jour férié.

Concrètement, si vous avez été embauché(e) le 1er mars 2025, vous n’aurez pas encore 3 mois d’ancienneté pour le Lundi de Pâques (21 avril) ; cette journée ne vous sera donc pas payée si vous ne la travaillez pas. En revanche, vous aurez bien dépassé les 3 mois pour la Fête de la Victoire le 8 mai, qui devra donc vous être payée. C’est une règle conçue pour fidéliser les salariés.

L’obligation de présence la veille et le lendemain

Attention, ce n’est pas tout ! Pour toucher votre salaire, vous devez avoir travaillé le jour avant et le jour après le jour férié. Plus précisément, la convention demande une présence le dernier jour de travail qui précède le jour férié et le premier jour de travail qui le suit.

On vous explique les exceptions. Cette condition ne s’applique pas si votre absence est justifiée et autorisée par votre employeur. Les cas les plus courants sont :

  • Vous étiez en congés payés validés.
  • Vous étiez en arrêt maladie (sur présentation d’un justificatif médical).
  • Vous aviez une autorisation d’absence exceptionnelle accordée par l’entreprise.

En revanche, si vous décidez de vous absenter sans justificatif le jour d’avant ou le jour d’après, vous perdez le bénéfice du paiement du jour férié. C’est une manière d’éviter les « ponts » improvisés qui pourraient désorganiser les chantiers.

Que se passe-t-il si le jour férié tombe un jour de repos ?

Le 1er novembre 2025 tombe un samedi. Pour la plupart des salariés qui ne travaillent pas le week-end, c’est la question qui revient chaque année : est-ce qu’on récupère ce jour ? Est-ce qu’on a droit à une prime ?

La réponse est simple : non. Si un jour férié tombe sur un jour de repos habituel de votre semaine de travail (souvent le samedi ou le dimanche), il n’y a pas de compensation. Vous ne recevrez ni jour de congé supplémentaire, ni indemnité financière. C’est un peu « mauvaise pioche », mais c’est la règle générale qui s’applique.

Journée de solidarité et jours fériés : attention à ne pas tout mélanger

La journée de solidarité, ce n’est pas un jour de travail comme les autres. Voici comment elle s’articule avec les jours fériés. Pour rappel, cette journée consiste à travailler 7 heures (pour un temps plein) qui ne sont pas rémunérées, afin de financer des actions en faveur des personnes âgées ou handicapées.

Votre employeur a plusieurs options pour fixer cette journée. L’une des plus courantes est de la fixer sur un jour férié qui était habituellement chômé, comme le Lundi de Pentecôte.

Si c’est le cas dans votre entreprise, attention :

  • Vous devrez venir travailler ce jour-là.
  • Cette journée de travail ne donnera lieu à aucune majoration de salaire.

En effet, vous n’êtes pas en train de travailler un jour férié « classique », vous êtes en train d’accomplir votre journée de solidarité. C’est la seule exception qui permet à un employeur de vous faire travailler un jour férié sans vous verser de majoration. La seule interdiction est de fixer cette journée de solidarité sur le 1er mai.

Le casse-tête des ponts : comment s’y retrouver ?

Un jour férié qui tombe un jeudi, et c’est le rêve d’un week-end de 4 jours qui pointe le bout de son nez. « Faire le pont » est une pratique courante en France, mais elle ne s’improvise pas. Contrairement à une idée reçue, l’employeur n’est jamais obligé de l’accorder. Alors, comment ça se décide ?

La mise en place d’un pont : décision de l’employeur ou accord d’entreprise ?

« Faire le pont », c’est une pensée qui traverse beaucoup de salariés. Mais qui décide ? Votre patron ou un accord collectif ? Il y a deux possibilités :

  1. Par accord d’entreprise ou d’établissement : C’est la solution la plus formelle. Un accord est négocié et signé, fixant les règles des ponts pour l’année ou les années à venir. Tout est clair et planifié.
  2. Par décision unilatérale de l’employeur : C’est le cas le plus fréquent. Votre employeur peut décider de fermer l’entreprise ou le site pour la journée. Il doit simplement vous en informer suffisamment à l’avance et consulter les représentants du personnel (le CSE) s’ils existent.

Dans tous les cas, vous ne pouvez pas décider de faire le pont vous-même. Une absence ce jour-là sans l’accord de l’employeur serait considérée comme une absence injustifiée.

La récupération des heures : une contrepartie à connaître

Un pont, ce n’est pas un cadeau ! Les heures non travaillées durant cette journée doivent être « récupérées ». C’est un point essentiel à comprendre pour ne pas être surpris. On vous explique comment et quand.

La loi prévoit que ces heures de travail non effectuées doivent être accomplies à un autre moment, sans qu’elles soient considérées comme des heures supplémentaires.

  • Quand récupérer ? La récupération doit se faire dans les 12 mois qui précèdent ou qui suivent le pont.
  • Comment récupérer ? Généralement, l’employeur vous demandera de travailler un peu plus longtemps chaque jour pendant une période donnée (par exemple, 1 heure de plus par jour pendant 7 jours pour récupérer une journée de 7 heures), ou de venir travailler un jour où vous êtes habituellement en repos, comme un samedi.

Ces heures de récupération sont payées à votre taux horaire normal, sans aucune majoration.

Les bons réflexes en cas de litige

Malgré toutes ces règles, une erreur ou une incompréhension peut arriver. Vous avez un doute sur votre fiche de paie ? Vous pensez qu’un de vos droits n’a pas été respecté ? Ne laissez pas la situation s’envenimer. Voici la marche à suivre, étape par étape.

Dialoguer et comprendre sa fiche de paie

Une erreur sur votre fiche de paie ? Pas de panique ! Bien souvent, il s’agit d’un simple oubli ou d’une erreur administrative involontaire. La première étape, c’est d’en parler calmement avec votre responsable direct ou avec le service des ressources humaines (RH) / service paie de votre entreprise.

Avant de prendre rendez-vous, prenez le temps de bien analyser votre bulletin de salaire. Repérez précisément la ligne qui vous semble incorrecte. Le fait d’arriver avec une question claire et factuelle facilitera grandement la discussion.

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